Nous avons tous une part de Tomasi en nous. Adolescent irresponsable, au comportement anarchiste en proie à la solitude. Certains plus que d'autres d'ailleurs. En général, on finit tous par se raisonner, pour ne pas décevoir notre famille, pour notre future. Mais lui, non. De ce fait, nous l'envions. Comment ne pas vouloir lui ressembler? Il est au paroxysme de la crise adolescente. Nous aussi pourtant nous aimerions nous lâcher, tout abandonner comme ce gosse perdu, nous aussi... Tout foutre en l'air, fuir, rester jeune encore un peu. On l'admire (inconsciemment pour certains) même s'il nous provoque un sentiment de commiseration, ce gosse libre. Plus tard, quelques années sont passées et nous apprenons avec tristesse son suicide, son overdose, son incarceration... Nous ressentons alors un vide, comme si nous avions perdu un bout de nous, un bout de liberté. Nous savions cependant qu'il ne fallait pas le laisser seul, ce gosse libre, mais l'aider, le remettre sur le droit chemin. Mais nous n'y sommes pas arrivés. Manque d'acharnement sûrement. Peur d'être entraîné dans sa chute vers un ailleurs plus attirant. Peur de rentrer dans une solitude effroyable, comme ce gosse libre. Besoin de responsabilité, de grandir, de découvrir, de construire. Ainsi nous ne finirons pas comme ce gosse perdu, il nous manquera juste, cette allégorie de l'irresponsabilité que nous fuyons avec le temps sans s'en rendre compte. Tous ces sentiments disparaîtrons peu à peu à notre plus grand malheur. Mais nous nous souviendrons de Tomasi, toute la vie.
Edouart Boubat
Edouart Boubat
